Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/234

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Thésée se borna à des injures et à des malédictions, vengeance ordinaire des vieillards. Le malheur de son fils semble avoir été le seul effet du hasard. Sous ce rapport, on pourrait donner la préférence à Thésée.

V.. Mais un grand avantage de Romulus sur lui, c’est que les commencements les plus faibles le portèrent aux plus grandes choses. Esclave avec son frère, passant l’un et l’autre pour fils de bergers avant même que d’être libres, ils mirent en liberté presque tous les peuples du Latium, et méritèrent ces titres si glorieux de vainqueurs de leurs ennemis, de sauveurs de leurs parents, de rois des nations et de fondateurs de villes. Ils fondèrent ces villes, non en leur faisant changer seulement de forme, comme fit Thésée, qui, pour réunir plusieurs habitations en une seule, ruina des villes qui portaient les noms des rois et des héros les plus anciens de l’Attique. Romulus le fit aussi dans la suite, en obligeant les peuples vaincus à démolir leurs villes et à venir habiter avec les vainqueurs. Ainsi il ne se borna pas à transférer, à agrandir une ville qui subsistait déjà ; mais il en bâtit une toute nouvelle, et acquit à la fois une contrée, une patrie, un royaume, des fa— 142 milles, forma des mariages et des alliances, et cela sans rien détruire, sans faire périr personne. Il fut, au contraire,