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SOLON.


aucune des parties contractantes n’a intérêt à les violer. Je ferai donc des lois si conformes aux intérêts des citoyens, qu’ils croiront eux-mêmes plus avantageux de les maintenir que de les transgresser. » L’événement justifia la conjecture d’Anacharsis, et trompa l’espoir de Solon. Une autre fois qu’Anacharsis avait assisté à une assemblée publique, il dit à Solon : « Je suis étonné que dans les délibérations des Grecs ce soient les sages qui conseillent et les fous qui décident. »

VII. Solon étant allé à Milet pour voir Thalès, lui témoigna sa surprise de ce qu’il n’avait jamais voulu se marier et avoir des enfans. Thalès ne lui répondit rien dans le moment ; mais ayant laissé passer quelques jours, il fit paraître un étranger qui disait arriver d’Athènes, d’où il était parti depuis dix jours. Solon lui demanda s’il n’y avait rien de nouveau lorsqu’il en était parti. Cet homme, à qui Thalès avait fait la leçon, lui répondit qu’il n’y avait autre chose que la mort d’un jeune homme dont toute la ville accompagnait le convoi. C’était, disait-on, le fils d’un des premiers et des plus vertueux citoyens, qui n’était pas alors à Athènes et qui voyageait depuis long-temps. « Le malheureux père ! s’écria Solon. Comment s’appelait-il ? — Je l’ai entendu nommer, répondit l’étranger ;