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SOLON.


de grands cris, vers cette troupe qui venait de la terre, du côté du promontoire de Scirade, près duquel on voit encore un temple de Mars, que Solon fit bâtir après avoir vaincu les Mégariens. Tous ceux qui n’avaient pas péri dans le combat furent renvoyés aux conditions qu’il plut à Solon de leur prescrire.

XII. Cependant les Mégariens s’obstinaient à vouloir reprendre Salamine. Mais enfin les deux peuples, après avoir souffert réciproquement autant de maux qu’ils avaient pu en faire, prirent les Lacédémoniens pour arbitres, et s’en rapportèrent à leur décision. On dit généralement que Solon, dans cette dispute, s’appuya de l’autorité d’Homère ; que le jour du jugement, il cita un vers de l’Iliade, tiré du dénombrement des vaisseaux, auquel il en ajouta un autre de sa façon :

Ajax, de Salamine amenait les héros ;
Sous un chef si vaillant marchaient douze vaisseaux ;
Il alla les ranger auprès de ceux d’Athènes.


Mais les Athéniens traitent ce récit de conte puéril ; ils assurent que Solon prouva clairement aux juges que Phyléus et Eurysacès, fils d’Ajax, ayant reçu le droit de bourgeoisie à Athènes, firent don de leur île aux Athéniens, et s’établirent l’un à Braurone, l’autre à Mélitte, deux bourgs de l’Attique ; et que Phyléus donna son nom au bourg des Phyléïdes, d’où