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SOLON.


plus sages des Athéniens eurent recours à Solon, comme le seul qui ne fût suspect à aucun des partis, parce qu’il n’avait ni partagé l’injustice des riches, ni approuvé le soulèvement des pauvres ; ils le prièrent de prendre en main les affaires et de mettre fin à ces divisions. Phanias de Lesbos(12) prétend que Solon, pour sauver la ville, trompa également les deux factions ; qu’il promit secrètement aux pauvres le partage des terres, et aux riches la confirmation de leurs créances. Il ajoute cependant que Solon balança long-temps s’il prendrait une administration si difficile, où il avait à craindre et l’avarice des uns et l’insolence des autres. Enfin il fut élu archonte après Philombrotus(*), et chargé en même temps de faire des lois de pacification. Ce choix fut agréable à tous les partis : aux riches, parce que Solon l’était lui-même aux pauvres, parce qu’ils le connaissaient pour homme de bien. Il courut même alors ce mot de lui, que l’égalité ne produit pas la guerre ; mot qui plut et aux riches et aux pauvres : les premiers espéraient compenser cette égalité par leurs dignités et leur vertu, les autres l’attendaient de leur nombre et de la mesure des terres qui leur seraient distribuées. Les deux partis ayant donc

(*) La troisième de la quarante-sixième olympiade.