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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/49

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DE PLUTARQUE.

naissances ? Né dans un siècle où la philosophie ne comptait plus guère parmi ses disciples ou que des athées ennemis déclarés de toute religion et de toute morale, ou que des esprits exagérés dans leurs principes qui poussaient jusqu’à une rigueur désespérante la règle des devoirs, il sut éviter avec prudence ce double écueil. Il conserva toujours la modération dans la sagesse, qualité si rare et si difficile. Il n’enseigna qu’une philosophie douce et raisonnable, indulgente avec fermeté, conciliante sans mollesse, invariable dans les principes, mais accommodante sur les défauts, qui ne transige jamais avec les passions, mais qui ménage l’homme faible pour gagner sa confiance et le mener à la vertu par le chemin de la persuasion. Tous ses écrits respirent une morale bienfaisante, amie de l’humanité, uniquement dirigée vers le bonheur des hommes, et qui leur en montre la vraie route, en leur faisant voir leur intérêt dans la lutte du mal et dans l’amour du bien. On ne peut les lire sans se sentir mal avec ses vices, sans rougir de ses passions, sans désirer de devenir meilleur. Il n’est, sans exception, aucun philosophe de l’antiquité dont les principes soient généralement plus vrais, les maximes plus raisonnables, les règles de conduite plus sages, plus utilement rame-