Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/491

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sa marche représentait à ceux qui le voyaient d’en bas, non la simplicité d’un consul, mais le faste d’un roi. Il fit voir, dans cette occasion, combien il est heureux pour les hommes en place, chargés d’affaires importantes, d’avoir l’oreille ouverte au langage de la franchise et de la vérité, plutôt qu’aux discours de la flatterie et du mensonge. Averti par ses amis du mécontentement du peuple, au lieu de disputer et de s’emporter, il assemble un grand nombre d’ouvriers, et la nuit même il fait démolir sa maison jusqu’aux fondements. Le lendemain, quand le peuple vit ces ruines, il admira la grandeur d’âme de Valérius ; mais il fut fâché que l’envie eût fait injustement détruire une maison si grande et si belle ; il en eut le même regret que de la mort d’un homme qu’on aurait fait périr sans raison. Ils avaient honte aussi que leur consul fût réduit à loger dans une maison d’emprunt : car ses amis l’avaient reçu chez eux, et il y demeura jusqu’à ce que le peuple lui eut donné un emplacement sur lequel il fit bâtir une maison plus modeste que la première, dans le lieu où est maintenant le temple de la Victoire. Après s’être rendu lui-même agréable au peuple, il voulut que sa dignité, jusque alors redoutée des Romains, leur fût douce et aimable. Il ôta donc les haches des faisceaux de ses licteurs ; et lorsqu’il allait aux assemblées, il