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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/494

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il n’allât quelquefois jusqu’à la rigueur. Il fit une loi qui permettait de tuer, sans aucune formalité juridique, tout homme qui aspirerait à la tyrannie ; elle assurait l’impunité à l’auteur du meurtre, pourvu qu’il donnât des preuves du crime. Comme il est impossible que celui qui médite une si grande entreprise la cache à tout le monde, et qu’il peut arriver aussi qu’ayant été découvert, il parvienne à usurper le pouvoir avant qu’on ait pu le juger, il autorisa tout citoyen à prévenir par la mort du coupable le jugement que la consommation du crime aurait peut-être empêché. Sa loi pour la garde du trésor public fut aussi fort approuvée. Comme tous les citoyens étaient obligés de contribuer de leurs biens aux frais de la guerre, et qu’il ne voulait ni administrer par lui-même ces contributions, ni en confier le soin à ses amis, et encore moins mettre les revenus publics dans une maison particulière, il désigna pour les garder le temple de Saturne, où est encore aujourd’hui déposé le trésor public ; et il laissa au peuple le choix de deux questeurs, qu’il prendrait parmi les jeunes gens. Les premiers qu’on nomma furent Véturius et Marcus Minucius, qui recueillirent des contributions considérables : le dénombrement qui fut fait donna cent trente mille citoyens, sans compter les orphelins et