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DE PLUTARQUE.

influence sur les corps politiques, à qui le frein de la religion est si nécessaire pour contenir la multitude, qui ne trouve dans les lois qu’une faible barrière à ses passions, quand la pensée de la divinité ne vient pas la frapper d’une crainte salutaire et commander à sa conscience. S’étonnera-t-on, après cela, que nos sophistes traitent Plutarque d’esprit faible et superstitieux ?

XXVI. J’ai dit que ce philosophe avait eu sur la divinité des idées plus pures qu’aucun des autres philosophes les plus éclairés. C’est, ce me semble, une partie intégrante de sa vie que de faire connaître ses sentimens sur un point si important. « Dieu, dit-il, est nécessairement, et son existence est hors du temps. Il est immuable dans son éternité ; il ne connaît pas la succession des temps seul il est ; son existence est l’éternité ; et parla raison qu’il est, il est véritablement. On ne veut pas dire de lui qu’il a été, qu’il sera, qu’il a eu un commencement, et qu’il aura une fin…. il n’y a pas plusieurs dieux : il n’y en a qu’un seul ; et ce Dieu η est pas, comme chacun de nous, un composé de mille passions différentes ce qui est par essence ne peut être qu’un ; et ce qui est un ne peut pas ne point exister. S’il y avait plusieurs