Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/169

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à l’instant tout le peuple applaudit, Antoine lui présenta une seconde fois le diadème, et très peu de personnes battirent des mains ; César le repoussa encore, et la place retentit d’applaudissements universels. Convaincu, par cette double épreuve, des dispositions du peuple, il se lève, et donne ordre qu’on porte ce diadème au Capitole. Quelques jours après, on vit ses statues couronnées d’un bandeau royal : deux tribuns du peuple, Flavius et Marcellus, allèrent sur les lieux, et arrachèrent ces diadèmes. Les premiers qu’ils rencontrèrent de ceux qui avaient salué César roi, ils les firent arrêter et conduire en prison. Le peuple suivait ces magistrats en battant des mains et les appelait des Brutus, parce que anciennement Brutus avait mis fin à l’autorité monarchique, et transféré le pouvoir souverain des rois au sénat et au peuple. César, transporté de colère, priva les tribuns de leur charge, et en se plaignant d’eux publiquement il ne craignit pas d’insulter le peuple lui-même en les appelant, à plusieurs reprises, des brutes et des cuméens.

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Cet événement attira sur Brutus les regards de la multitude ; il passait pour être, du côté paternel, un descendant de l’ancien Brutus, et par sa mère il était de la famille Servilia, autre maison non moins illustre : il