Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/172

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pour être remarqués. Mais, au rapport de Strabon le philosophe, on vit en l’air des hommes de feu marcher les uns contre les autres ; le valet d’un soldat fit jaillir de sa main une flamme très vive ; on crut que sa main en serait brûlée : mais quand il eut cessé, on n’aperçut aucune trace du feu. Dans un sacrifice que César offrait, on ne trouva point de cœur à la victime ; et c’était le prodige le plus effrayant, car il est contre la nature que ce viscère manque à un animal. Plusieurs personnes racontent encore aujourd’hui qu’un devin avertit César qu’il était menacé d’un très grand danger, le jour des ides de mars ; et que ce jour-là César en allant au Sénat, ayant rencontré le devin, le salua, et lui dit, en se moquant de sa prédiction : « Eh bien ! voilà les ides de mars venues. — Oui, lui répondit tout bas le devin, elles sont venues ; mais elles ne sont pas passées. » La veille de ces ides, il soupait chez Lépidus, ou, suivant sa coutume, il signa quelques lettres à table. Pendant qu’il faisait ces signatures, les convives proposèrent cette question : Quelle mort était la meilleure ? César, prévenant leurs réponses, dit tout haut : « C’est la moins attendue. » Après souper, il rentra chez lui ; et pendant qu’il était couché avec sa