Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/32

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une ville de son nom. Sotion dit l’avoir appris de Potamon de Lesbos.

LXXXIII. La bataille contre Porus refroidit tellement l’ardeur des Macédoniens, qu’ils perdirent toute envie de pénétrer plus avant dans l’Inde. La peine qu’ils avaient eue à repousser un ennemi qui n’avait combattu qu’avec une armée de vingt mille hommes d’infanterie et de deux mille chevaux, fit qu’ils résistèrent de toutes leurs forces à Alexandre, lorsqu’il voulut les obliger à passer le Gange. On leur avait dit que la largeur de ce fleuve était de trente-deux stades, et sa profondeur d’un stade ; que l’autre bord était couvert d’un nombre infini de troupes de pied, de chevaux et d’éléphants ; que les rois des Gandarites et des Prasiens les y attendaient avec quatre-vingt mille chevaux, deux cent mille fantassins et six mille éléphants dressés au combat. Et ce rapport n’était pas exagéré ; car Androcottus, qui régna peu de temps après, fit présent à Séleucus de cinq cents éléphants, et, à la tête d’une armée de six cent mille hommes, parcourut toutes les Indes. Alexandre, irrité autant qu’humilié du refus de ses troupes, se tint renfermé dans sa chambre, couché par terre, protestant qu’il ne saurait aucun gré aux Macédoniens de tout ce qu’ils avaient fait jusque là, s’ils ne passaient le Gange, et qu’