Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/44

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de la ville de Pella, nommé Polymachus. Après en avoir lu l’épitaphe, il ordonna qu’on gravât au-dessus cette traduction grecque : « O homme, qui que tu sois, et de quelque endroit que tu viennes, car je sais que tu viendras, je suis Cyrus, qui ai conquis aux Perses cet empire ; ne m’envie donc pas ce peu de terre qui couvre mon corps. » Ces paroles firent une vive impression sur Alexandre, en lui rappelant l’incertitude et l’instabilité des grandeurs humaines.

XCI. Cependant Calanus, tourmenté depuis quelque temps d’une colique assez vive, demanda qu’on lui dressât un bûcher ; lorsqu’il fut prêt, il s’y rendit à cheval ; et, après avoir fait sa prière aux dieux, après avoir répandu sur lui-même les libations sacrées et s’être coupé une touffe de cheveux, comme les prémices de son sacrifice, il fit ses adieux aux Macédoniens qui étaient présents, les invita à passer ce jour-là dans la joie, à boire, à faire bonne chère avec leur roi, assurant qu’il ne tarderait pas à le revoir à Babylone. Son discours fini, il monta sur le bûcher, et, après s’être couché, il se couvrit le visage. Quand il sentit la flamme approcher, il ne fit aucun mouvement, il conserva toujours la même posture et consomma son sacrifice, suivant la