Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/75

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regarde ses cheveux si artistement arrangés, quand je le vois se gratter la tête du bout des doigts, je ne puis croire qu’un tel homme puisse concevoir le dessein si noir de renverser la république. » Mais cela ne fut dit que longtemps après.

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César reçut une première marque de l’affection du peuple lorsqu’il se trouva en concurrence avec Caïus Pompilius, pour l’emploi de tribun des soldats ; il fut nommé le premier. Il en eut une seconde encore plus grande quand, à la mort de la femme de Marius, dont il était le neveu, il prononça avec beaucoup d’éclat son oraison funèbre dans la place publique, et qu’il osa faire porter à son convoi les images de Marius, qui n’avaient pas encore paru depuis que Sylla, maître dans Rome, avait fait déclarer Marius et ses partisans ennemis de la patrie. Quelques personnes s’étant récriées sur cette audace, le peuple s’éleva hautement contre elles, et par les applaudissements les plus prononcés témoigna son admiration pour le courage que César avait eu de rappeler, pour ainsi dire, des enfers les honneurs de Marius, ensevelis depuis si longtemps. C’était, de toute ancienneté, la coutume des Romains de faire l’oraison funèbre des femmes qui mouraient âgées ; mais cet usage n’avait pas lieu pour les jeunes