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BRUTUS.

ami de Brutus, mais qui n'avait ni la simplicité ni la candeur de son caractère.

II. Servilie, mère de Brutus, faisait remonter son origine à ce Servilius Ahala qui, voyant Spurius Mélius aspirer à la tyrannie et exciter des séditions parmi le peuple, prit un poignard sous son bras, se rendit sur la place publique, s'approcha de Spurius comme pour lui parler de quelque affaire, et, lorsque celui-ci baissa la tête pour l'écouter, lui enfonça le poignard dans le sein et le tua. Cette descendance est généralement reconnue. Quant à l'origine paternelle de Brutus, ceux qui lui conservent de la haine et du ressentiment, à cause du meurtre de César soutiennent qu'il ne descend pas de cet ancien Brutus qui chassa les Tarquins ; ils prétendent que celui-ci, après avoir fait mourir ses enfans, ne laissa point de postérité ; que d'ailleurs Marcus Brutus était de race plébéienne, fils d'un Brutus intendant de maison, et qu'il n'était parvenu que depuis peu aux dignités de la république. Mais le philosophe Posidonius dit qu'outre les deux fils de Brutus qui, déjà dans l'adolescence, furent mis à mort par leur père, comme l'histoire le rapporte, il y en avait un troisième, encore en bas âge, qui fut la tige de la famille des Brutus. Il ajoute qu'il existait de son temps des personnages illustres de cette