Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/244

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les plus horribles tourments. » Ces paroles frappèrent d'étonnement tous ceux qui les entendirent ; et Antoine, se tournant vers les soldats qui avaient amené Lucilius : « Mes compagnons, leur dit-il, vous êtes sans doute irrités d'une tromperie que vous regardez comme une insulte : mais sachez que vous avez fait une bien meilleure prise que celle que vous poursuiviez ; au lieu d'un ennemi que vous cherchiez, vous m'avez amené un ami. Je ne sais, je vous le jure, comment j'aurais traité Brutus, si vous me l'aviez amené vivant ; mais j'aime mieux acquérir des amis de ce mérite, que d'avoir en ma puissance des ennemis. » À ces mots, il embrasse Lucilius et le remet entre les mains d'un de ses amis ; il l'employa souvent dans la suite, et éprouva en toute occasion son attachement et sa fidélité.

51. Il était déjà nuit, lorsque Brutus, après avoir traversé une rivière dont les bords étaient escarpés et couverts d'arbres, s'éloigna du champ de bataille, et que, s'arrêtant dans un endroit creux, il s'assit sur un grand rocher, avec le petit nombre d'officiers et d'amis qui l'accompagnaient. Là, élevant d'abord ses regards vers le ciel, qui était semé d'étoiles, il prononça deux vers grecs, dont Volumnius rapporte celui-ci :