Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/472

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charger cette cavalerie, qui lâcha pied sur-le-champ ; mais il la poursuivit avec précaution, et environnant le lieu qui cachait l'embuscade, l'obligea de se lever, et fit venir du camp ses légions. Il paraît que si elles fussent arrivées assez tôt pour soutenir la cavalerie, il ne serait pas resté un seul ennemi, et qu'on aurait taillé en pièces l'armée entière de Cécina. Mais Paulinus, qui marchait lentement, arriva trop tard, et fut accusé d'avoir, par un excès de précaution, démenti sa réputation de grand capitaine. Les soldats même l'accusaient de trahison, et voulaient irriter Othon contre lui ; ils parlaient avantageusement d'eux-mêmes, se vantaient d'avoir seuls vaincu l'ennemi, et reprochaient à leurs généraux de leur avoir, par lâcheté, arraché des mains une victoire complète. Mais Othon se fiait moins à eux qu'il n'avait soin de cacher sa défiance ; il envoya donc au camp Titianus, son frère, et Proculus, le préfet du prétoire : celui-ci était investi de toute l'autorité, et Titianus n'en avait que l'apparence. Celsus et Paulinus, décorés du titre de conseillers et d'amis, n'avaient ni pouvoir ni crédit. Les légions ennemies, et surtout celles de Valens, n'étaient pas moins agitées : la nouvelle du combat de l'embuscade les irrita contre lui ; elles frémissaient de ne