Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/483

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le champ de bataille avec Mestrius Florus, homme consulaire, il me montra un vieillard qui, dans sa jeunesse, s'était trouvé à cette journée, non volontairement, mais forcé par ceux du parti d'Othon. Il nous raconta qu'après le combat il avait vu un monceau de morts si élevé, que les derniers rangs étaient au niveau des personnes qui en approchaient. Il ajouta qu'il n'avait pu en trouver lui-même la raison, ni l'apprendre de personne. Il est vraisemblable que dans les guerres civiles, quand une des armées est en déroute, le carnage est plus grand que dans les autres guerres, parce qu'on n'y fait point de prisonniers, ceux qui les auraient pris ne pouvant en faire aucun usage : mais par quelle raison ces cadavres étaient-ils entassés si haut ? c'est ce qu'il est difficile de dire.

15. La première nouvelle qu'Othon reçut de sa défaite fut d'abord incertaine, comme il est ordinaire dans des événements de cette importance ; mais elle lui fut confirmée par les blessés qui arrivaient de la bataille. Il n'est pas étonnant que, dans un pareil revers, ses amis aient fait leur possible pour prévenir son désespoir et soutenir son courage : mais ce qui paraît incroyable, c'est l'affection que ses soldats firent éclater pour lui : on n'en vit pas