Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/102

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étaient éblouis par l’éclat des armes. Mais après qu’il eut vaincu et tué son ennemi, comme il le dépouillait de ses armes, Brennus le reconnut ; et prenant les dieux à témoin que contre le droit des gens, contre les lois les plus sacrées parmi les hommes, Quintus Fabius, après être venu comme ambassadeur, s’était conduit en ennemi, il fit sur-le-champ cesser le combat ; et, laissant les Clusiens, il marcha vers Rome avec son armée. Cependant, afin de ne pas paraître saisir avec joie l’occasion de cette injure, pour s’en faire un prétexte d’attaquer les Romains, il envoie à Rome demander le coupable pour le punir, et s’avance à petites journées.

[18] XX. Le sénat s’étant assemblé, la plupart des sénateurs blâmèrent hautement les Fabius. Les prêtres appelés féciaux parlèrent ouvertement contre eux ; ils représentèrent au sénat que cet attentat intéressait les dieux eux-mêmes, et qu’en faisant retomber sur un seul coupable l’expiation du crime, ils détourneraient de dessus tout le peuple la vengeance céleste. Ces prêtres féciaux avaient été institués par Numa, le plus doux et le plus juste des rois, pour être les gardiens de la paix, les juges et les arbitres des motifs légitimes qu’on avait d’entreprendre la guerre. Le sénat renvoya l’affaire au peuple, et les prêtres y accusèrent Fabius avec le même zèle ; mais le peuple porta si loin la dérision et