Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/109

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elles tombent dans un état d’inertie peu différent de la mort ; elles désirent l’action puissante du feu comme leur âme et leur vie, et dès qu’elles en ont éprouvé l’impression, elles se portent à faire une action ou à la recevoir. C’est pourquoi Numa, prince très instruit, et dont la grande sagesse a fait croire qu’il avait des entretiens fréquents avec les Muses, consacra le feu et ordonna qu’on l’entretînt perpétuellement, comme une image de cette puissance éternelle qui gouverne l’univers. D’autres disent que les Romains, à l’exemple des Grecs, conservent toujours le feu devant les choses saintes, comme un symbole de pureté ; mais qu’il y a dans l’intérieur du temple d’autres choses sacrées, que les vierges qu’ils appellent vestales ont seules la liberté de voir. XXVI. C’est même un bruit commun, qu’on y conserve le Palladium qu’Énée transporta de Troie en Italie. D’autres racontent que Dardanus, après avoir bâti la ville de Troie, y consacra les dieux de Samothrace, qu’il avait apportés avec lui, et qu’il établit pour eux un culte particulier ; qu’à la prise de Troie, Énée les enleva secrètement, et les emporta en Italie. Ceux qui se croient mieux instruits disent qu’il y a dans ce temple deux tonneaux de médiocre grandeur, dont l’un est ouvert et vide, l’autre plein et fermé, que les vestales seules