Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ils se revêtirent de la plus belle de leurs robes sacrées, et, se dévouant en quelque sorte pour leur patrie, ils prononcèrent une prière solennelle, dont le souverain pontife Fabius leur dicta la formule ; et ainsi habillés, ils allèrent s’asseoir dans la grande place sur leurs siéges d’ivoire ; en attendant le sort que les dieux leur réservaient.

[22] XXVII. Trois jours après la bataille, Brennus arriva devant Rome avec son armée. Quand il vit les portes et les murailles sans gardes, il soupçonna d’abord quelque ruse et craignit une embuscade, ne pouvant croire que les Romains eussent pris le parti désespéré d’abandonner leur ville. Lorsqu’il se fut assuré de la vérité, il entra par la porte Colline, et prit possession de Rome, un peu plus de trois cent soixante ans après sa fondation ; si toutefois on peut croire qu’on ait conservé une connaissance exacte de ces temps anciens, lorsque l’on considère la confusion qui existait alors, et qui a laissé tant d’incertitude sur des choses plus récentes. Cependant il se répandit aussitôt dans la Grèce un bruit sourd du malheur des Romains et de la prise de leur ville. Héraclite de Pont, qui n’était pas éloigné de ce temps-là, dit, dans son Traité de l’âme, qu’on reçut d’Occident la nouvelle qu’une armée venue des pays hyperboréens avait pris