les tribunaux, et les arrachait même de force à ceux qui, en vertu de la loi, les emmenaient pour être esclaves. Par là il se vit bientôt entouré d’une foule d’indigents qui, par leur audace et par le trouble qu’ils excitaient dans les assemblées, se faisaient craindre des principaux citoyens. Dans cette conjoncture, on nomma dictateur Quintus Capitolinus, qui, sur-le-champ, fit emprisonner Manlius. Le peuple prit le deuil, ce qui ne se faisait jamais que dans les grandes calamités publiques ; et le sénat, qui craignait une sédition, ordonna que Manlius fût mis en liberté. Mais, loin qu’il sortît meilleur de sa prison, il n’en souleva le peuple qu’avec plus d’insolence, et remplit la ville de confusion et de trouble. XLVIII. Camille ayant été élevé à la dignité de tribun militaire, Manlius fut de nouveau traduit en justice : mais la vue du Capitole nuisait à ses accusateurs ; on voyait de la place l’endroit où il avait combattu la nuit contre les Gaulois ; lui-même, tendant les mains vers la citadelle, et, les yeux baignés de larmes, rappelant aux Romains les combats qu’il avait soutenus, il excitait si fort la pitié, que les juges, embarrassés, remirent plusieurs fois la cause. Ils ne voulaient pas l’absoudre contre les preuves les plus évidentes de son crime, et ils ne pouvaient le juger selon la rigueur des
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