Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/145

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[40] LIII. L’objet principal de la sédition, ce qui même en avait été la première cause, et qui donnait le plus d’embarras au sénat, subsistait encore ; c’était la nomination des consuls. Mais, au milieu de cette contestation, on apprit, par des avis certains, que les Gaulois, partis une seconde fois des bords de la mer Adriatique, marchaient précipitamment vers Rome avec une armée formidable. Les effets suivirent de près cette nouvelle : la guerre avait déjà commencé par le dégât de tout le pays ; et ceux qui n’avaient pas eu la facilité de se retirer à Rome, s’étaient dispersés sur les montagnes. La crainte assoupit le feu de la sédition ; les nobles et les simples citoyens, le sénat et le peuple, réunis par le danger commun, élurent unanimement Camille dictateur pour la cinquième fois,. Quoique courbé sous les années (il avait près de quatre-vingts ans ), il ne vit que la nécessité, et la grandeur du péril : n’alléguant plus, comme auparavant, ni raison ni prétexte, il accepta sans balancer la dictature. Aussitôt il assembla l’armée ; et comme il savait par expérience que la plus grande force des Gaulois consistait dans leurs épées, qu’ils maniaient en Barbares, sans aucun art, et avec lesquelles ils abattaient les têtes et les