Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/338

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son manteau, l’oiseau, effrayé du bruit, s’envola. Les Athéniens redoublèrent leurs cris, et plusieurs coururent après la caille pour la rattraper ; elle fut prise par un pilote nommé Antiochus, qui la lui rapporta, et qui depuis fut, pour cela seul, fort aimé d’Alcibiade.

XI. Sa naissance et ses richesses, le courage qu’il avait montré dans les combats, le grand nombre de ses parents et de ses amis, étaient autant de portes qui lui facilitaient l’entrée du gouvernement. Mais il aimait beaucoup mieux ne devoir qu’au charme de son éloquence le crédit et l’autorité qu’il désirait d’acquérir. Il avait un grand talent pour la parole, comme l’attestent les poètes comiques, et surtout le plus grand des orateurs, qui, dans son oraison contre Midias, dit qu’Alcibiade fut l’homme de son temps qui eut le plus d’éloquence. Si nous en croyons Théophraste, écrivain aussi versé dans l’étude de l’histoire et de l’antiquité qu’aucun autre philosophe, Alcibiade était l’orateur le plus habile à trouver et à imaginer ce qui convenait à son sujet ; mais les idées et les termes les plus propres à les exprimer ne se présentant pas toujours facilement à son esprit, il hésitait souvent, il s’arrêtait au milieu de son