Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/353

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XXII. Le peuple l’ayant approuvé, et tout étant déjà prêt pour le départ de la flotte, il arriva plusieurs présages sinistres ; surtout la rencontre des fêtes d’Adonis, qu’on célébrait alors, et dans lesquelles les femmes athéniennes exposent en public des simulacres de morts qu’on porte en terre, se frappent la poitrine, par imitation de ce qui se pratique aux funérailles, et accompagnent ces cérémonies de chants lugubres. Bien plus, toutes les statues de Mercure se trouvèrent en une seule nuit mutilées au visage, ce qui troubla ceux mêmes qui méprisaient ordinairement les prodiges. On répandit le bruit que cette profanation était l’ouvrage des Corinthiens, dont les Syracusains étaient une colonie, et qui avaient espéré que la crainte de ce présage retiendrait les Athéniens, ou même les ferait renoncer à cette entreprise. Mais le peuple n’écouta ni ce propos, ni le discours de ceux qui voulurent lui persuader que ce présage n’avait rien d’effrayant ; que c’étaient sans doute quelques jeunes gens qui, dans la chaleur du vin et de la débauche, avaient commis cette impiété, dont ils n’avaient fait qu’un badinage. La colère et la crainte leur faisaient voir dans cette profanation une conjuration tramée par des audacieux, et qui couvrait de grands desseins. Le sénat donc et le