Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/357

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sans être mêmeentendus ; et l’on se repentit de n’avoir pas saisi le moment où Alcibiade était à Athènes, pour le juger sur de si graves accusations. Tous ceux de ses parents, de ses amis ou de ses familiers qui, dans ce premier transport de colère, tombèrent entre les mains du peuple, furent traités avec beaucoup de rigueur. Thucydide ne fait pas connaître ses dénonciateurs ; d’autres historiens nomment Diocléidès et Teucer ; on les trouve cités dans ces vers du poète comique Phrynichus, qui parle ainsi à une statue de Mercure :

Ô Mercure chéri, prends garde qu’en tombant
Tu n’ailles fracasser et briser ton visage ;
Un nouveau Dioclide, à nuire trop ardent,
Contre nous aussitôt distillerait sa rage.

Mercure.

Je m’en garderai bien, de peur qu’un scélérat,
Qu’un fourbe, qu’un Teucer, imposteur exécrable,
De ses concitoyens délateur détestable,
Ne soit récompensé de son noir attentat.

Cependant les dénonciateurs n’avaient rien de précis ni de certain. L’un d’eux, interrogé comment il avait pu, la nuit, reconnaître la figure de ceux qui avaient mutilé les statues de Mercure, répondit que c’était à la faveur du clair de la lune. L’imposture fut évidemment démontrée