Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lui disait-il, incertaine pour tous les accusés,

était surtout à redouter pour les plus puissants d’entre eux ; il valait mieux sauver sa vie ; par un mensonge, que de subir, comme coupable, une mort infâme : à considérer même le bien public, il était plus avantageux de ne faire périr qu’un petit nombre de personnes, leur crime fût-il douteux, et d’arracher beaucoup de gens honnêtes à la fureur du peuple. Ces raisons de Timée persuadèrent Andocidès ; il se dénonça lui-même avec quelques autres des accusés, et obtint sa grâce aux termes du décret. Tous ceux qu’il avait nommés furent punis de mort, excepté quelques uns qui eurent le temps de prendre

la fuite. Andocidès, pour donner plus de vraisemblance à sa déposition, avait accusé ses propres esclaves.

XXVI. Mais ces condamnations n’apaisèrent pas la fureur du peuple ; au contraire, n’ayant plus à s’occuper de ceux qui avaient mutilé les statues, il tourna contre Alcibiade toute sa colère, qui sembla ne s’être reposée que pour se ranimer avec plus de force. Il lui envoya enfin le vaisseau de Salamine, après avoir prudemment ordonné au commandant de ne pas user de violence, de ne pas même mettre la main sur Alcibiade, mais de lui intimer avec douceur l’ordre de le suivre, pour venir subir son jugement