Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/373

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embrassé avec chaleur le parti populaire, le peuple voulut rappeler ce général, et lui envoya l’ordre de revenir à Athènes. Mais il ne crut pas devoir y rentrer sans avoir rien fait d’utile ; dédaignant de devoir son rappel à la compassion et à la faveur du peuple, il ne voulait y reparaître qu’avec gloire : il part donc de Samos à la tête de quelques vaisseaux et va croiser autour des îles de Cos et de Cnide. Là, ayant appris que Mindare, amiral de Sparte, faisait voile vers l’Hellespont avec toute sa flotte, et qu’il était poursuivi par les Athéniens, il vole au secours de ces derniers. Le hasard fit qu’il arriva avec ses dix-huit vaisseaux au moment où les deux flottes étaient engagées dans un grand combat qui avait duré jusqu’aux approches de la nuit, et dans lequel l’avantage avait été plusieurs fois balancé entre l’un et l’autre parti. Son apparition trompa également les deux armées ; les ennemis reprirent courage, et les Athéniens se troublèrent : mais Alcibiade, arborant aussitôt des enseignes amies, fond avec impétuosité sur les Péloponésiens, qui, déjà plus forts, pressaient vivement leurs adversaires. Il les met en fuite, les pousse contre terre, les serre vivement, brise leurs vaisseaux, et fait un grand carnage de ceux qui se jetaient à la mer pour