Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/78

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le dictateur Posthumius Tubertus, il poussa son cheval hors des rangs ; et quoique blessé à la cuisse, il ne quitta point le champ de bataille ; mais, arrachant lui-même le trait qui était resté dans la plaie, il s’attacha aux plus vaillants des ennemis, et les obligea de prendre la fuite. Outre plusieurs récompenses honorables que lui mérita ce trait de bravoure, il fut nommé censeur ; charge qui, dans ces temps-là, donnait beaucoup de considération. Une des actions louables qu’il fit en cette qualité fut de déterminer, autant par persuasion que par des menaces d’amendes, les célibataires à épouser les veuves, dont les guerres continuelles avaient fort augmenté le nombre. Il prit aussi une autre mesure, que la nécessité commandait ; il soumit aux impôts les orphelins, exempts jusqu’alors de toutes charges : les dépenses considérables qu’exigeaient des guerres fréquentes le forcèrent de rendre cette loi. III. On avait surtout besoin d’argent pour soutenir le siége de la ville des Véiens, que d’autres appellent Vénétaniens. C’était la capitale de la Toscane, qui ne le cédait à Rome ni par le nombre de ses combattants, ni par la quantité de ses munitions de guerre. Enflée de ses richesses, de son luxe, de sa magnificence et de ses délices, elle était entrée en rivalité de gloire et de puissance avec les Romains, et leur