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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/80

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il les obligea de se renfermer dans leurs murailles.

[3] IV. Pendant que la guerre se poussait avec vigueur en Toscane, un prodige étrange et inouï se flit remarquer au lac d’Albe ; il effraya d’autant plus qu’on ne put lui assigner aucune des causes ordinaires, ni en donner de raison physique. On était près de l’automne, l’été qui finissait n’avait eu ni des pluies abondantes ni des vents violents du midi ; les lacs, les ruisseaux et les sources, qu’on trouve à chaque pas en Italie, ou étaient entièrement taris, ou n’avaient que très peu d’eau ; les rivières, toujours basses en été, étaient restées presque à sec ; mais le lac d’Albe, qui a sa source en lui-même, et qui, environné de montagnes fertiles, ne décharge ses eaux d’aucun côté, grossit tout à coup et s’enfla visiblement, sans qu’on pût en imaginer d’autre cause que la volonté des dieux ; il gagna les flancs des montagnes ; et, sans avoir éprouvé ni agitation ni bouillonnement, il parvint enfin jusqu’à leur sommet. Les pâtres et les bouviers furent les premiers témoins de ce phénomène étonnant : mais lorsque l’espèce de digue qui contenait le lac et l’empêchait d’inonder les campagnes eut été rompue par la quantité et le poids des eaux, que ses ondes furent entraînées avec rapidité vers la mer, à travers les guérets et les vergers ;