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CATON.

toujours à pied, portait lui-même ses armes, suivi d’un seul esclave chargé de ses provisions. Jamais il ne se mettait en colère contre lui, ou ne lui montrait de l’humeur, quelque chose qui lui servit pour ses repas ; souvent même, après son service militaire, il l’aidait à faire son ouvrage. À l’armée il ne buvait que de l’eau ; seulement, lorsqu’il éprouvait une soif ardente, il demandait du vinaigre ; ou, s’il sentait ses forces trop affaiblies, il prenait, en petite quantité, du vin médiocre.

III. Sa maison de campagne était voisine de celle qu’avait habitée Manius Curius, celui qui obtint trois fois les honneurs du triomphe (02). Caton y allait souvent ; et, lorsqu’il considérait le peu d’étendue de cette terre et la simplicité de l’habitation, il pensait en lui-même quel homme ce devait être que Curius, qui, vainqueur des nations les plus belliqueuses, après avoir chassé Pyrrhus de l’Italie, et être devenu le plus grand des Romains, cultivait lui-même ce petit coin de terre, et, décoré de trois triomphes, habita toujours une maison si pauvre. Ce fut là que les ambassadeurs des Samnites le trouvèrent assis près de son foyer, faisant cuire des raves, et qu’ils lui offrirent une quantité d’or considérable. Mais il le refusa, en leur disant qu’un homme qui se conten-