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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/301

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CATON.

pense excessive, mais dans l’altération de l’ancienne simplicité des soldats, qui employaient en luxe et en plaisirs le superflu de leur paie. Scipion lui répondit qu’il n’avait pas besoin d’un questeur si exact ; que dans la guerre il allait à pleines voiles, et qu’il devait compte à la république, non des sommes qu’il aurait dépensées, mais des exploits qu’il aurait faits. Sur cette réponse, Caton le quitta dès la Sicile ; et, de retour à Rome, il ne cessa de dire hautement dans le sénat, avec Fabius, que Scipion répandait l’argent sans mesure ; qu’il passait, avec la légèreté d’un jeune homme, les journées entières aux théâtres et dans les gymnases, comme s’il n’eût eu que des jeux à célébrer, et non à faire la guerre. Ces plaintes déterminèrent le sénat à envoyer vers Scipion des tribuns chargés de le ramener à Rome, s’ils trouvaient que ces accusations eussent du fondement. Scipion leur ayant fait voir que la victoire dépendait des préparatifs qu’on faisait pour la guerre ; que les amusements qu’il prenait avec ses amis dans ses moments de loisir, et les dépenses qu’il faisait, ne l’empêchaient pas de suivre avec activité les affaires importantes, ils le laissèrent s’embarquer pour aller faire la guerre en Afrique.

VI. L’éloquence de Caton augmentait chaque