Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

page 71

donc la plus parfaite et celle qui approche le plus de la divinité. Un corps bien constitué n’a besoin ni, d’habits ni d’aliments superflus ; de même une vie et une maison saine s’entretiennent par les choses les plus communes. En général, il faut que les biens soient proportionnés aux besoins ; celui qui amasse beaucoup et qui dépense peu ne sait pas se suffire à lui-même : s il ne dépense pas ce qu’il possède, parce qu’il n’en a ni le besoin ni le désir, c’est folie ; s’il en a besoin et que par avarice il n’en jouisse pas, c’est une misère déplorable.

VI. Mais je demanderais volontiers à Caton lui-même pourquoi, si l’on n’est riche que lorsqu’on jouit, il se glorifie d’avoir amassé beaucoup de bien, quand il sait se contenter de peu : ou si c’est une chose louable, comme je n’en doute pas, de manger du pain le plus commun, de boire le même vin que ses ouvriers et ses domestiques, de n’avoir besoin ni d’étoffes de pourpre ni de maisons brillantes ; alors ni Aristide, ni Épaminondas, ni Manius Curius, ni Fabricius, n’ont manqué en rien à leur devoir, en refusant d’acquérir des biens dont ils n’estimaient pas l’usage. Car un homme qui trouvait les raves le meilleur des mets, et qui les faisait cuire lui-même, tandis que sa femme pétrissait son pain, un tel homme n’avait pas besoin de

page 72