lui en avait apporté dans une tasse, et qu'à peine il l'avait eu bue que l'esclave s'était retiré. Cependant il fut chassé du sénat par les premiers censeurs nommés dans ces comices. On jugea qu'il avait mérité cette flétrissure, ou pour avoir fait une fausse déposition, ou pour avoir cédé à son intempérance. Caïus Hérennius fut aussi appelé en témoignage contre Marius ; mais il observa qu'il n'était pas d'usage de déposer contre ses clients, et que la loi dispensait les patrons de cette nécessité ; c'est le nom sous lequel les Romains désignent les protecteurs : or, la famille de Marius, et Marius lui-même, avaient été de tout temps les clients de la famille des Hérennius. Les juges reçurent cette excuse ; mais Marius s'opposa à ce qu'elle fût admise ; il soutint que, du moment qu'il avait été nommé à une charge publique, sa clientèle avait cessé ; ce qui n'était cependant pas tout à fait vrai, car toute magistrature ne dispense pas les clients eux-mêmes, ni leurs descendants, de leurs devoirs envers les patrons : ce privilège n'est attaché qu'aux charges qui donnent le droit de chaise curule : aussi, les premiers jours, l'affaire de Marius allait-elle mal, et les juges ne se montraient pas favorablement disposés pour lui. Cependant, contre l'attente du public, il fut absous le dernier jour, parce
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