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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/204

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qu’il était même surpris comment il pouvait souffrir dès à présent de n’être pas le premier de l’univers. Quand il fut de retour à Rome, Censorinus l’accusa de péculat, pour avoir, contre les lois, emporté de grandes sommes d’argent d’un royaume ami et allié ; mais il se désista de son accusation, et l’affaire ne fut pas portée en justice.

VI. Cependant l’inimitié de Marius et de Sylla se ralluma encore par une occasion que fit naître l’ambition de Bocchus, qui, pour flatter le peuple et faire plaisir à Sylla, dédia dans le Capitole des Victoires d’or qui portaient des trophées, et, auprès d’elles, la statue de Jugurtha, aussi en or, que Bocchus remettait entre les mains de Sylla. Marius en fut si irrité, qu’il voulut faire enlever ces statues. Les amis de Sylla prirent parti pour lui ; et cette querelle allait allumer la sédition la plus violente qui eût jamais agité Rome, si la guerre sociale, qui couvait depuis longtemps, venant tout à coup à éclater, n’eût apaisé pour le moment cette division. Dans cette nouvelle guerre, une des plus importantes que les Romains aient eues à soutenir, soit par la diversité des événements, soit par la grandeur des maux qu’ils éprouvèrent et des dangers auxquels ils furent exposés, Marius ne put rien faire de remarquable ;