Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/218

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protection, s’étaient présentés pour les premières charges ; et il nomma ceux dont il put croire que l’élection mortifierait le plus Sylla. Il fit semblant de l’approuver, et dit même qu’il était bien aise que le peuple lui dût la liberté de faire tout ce qu’il voulait. Pour adoucir la haine du peuple, il prit un consul dans la faction contraire : ce fut Lucius Cinna, dont il s’était assuré d’avance en lui faisant jurer, avec les plus fortes imprécations, qu’il soutiendrait ses intérêts. Cinna, étant monté au Capitole, en tenant une pierre dans sa main, fit, en présence de tout le monde, son serment, qu’il accompagna de cette imprécation, que, s’il ne gardait pas à Sylla l’affection qu’il lui promettait, il priait les dieux de le chasser de la ville comme il allait jeter cette pierre loin de sa main. En disant ces mots ; il laissa tomber la pierre. Mais il eut à peine pris possession de son consulat, qu’il entreprit de casser tout ce qui avait été fait. Il voulut même intenter procès à Sylla, et le fit accuser par le tribun du peuple Virginius. Sylla, laissant là et l’accusateur et les juges, partit pour aller faire la guerre à Mithridate.

XI. On raconte que, vers le temps où il fit voile d’Italie pour cette expédition, Mithridate, qui était alors à Pergame, eut, de la part des dieux,