Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/24

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ayant été reconnue fausse, et tous les autres juges partageant la vive douleur de Métellus, Marius, au contraire, en témoigna publiquement sa joie ; il se vanta que cette condamnation était son ouvrage, et il n'eut pas honte de dire partout qu'il avait attaché à l'âme de Métellus une furie vengeresse, qui le punissait d'avoir fait mourir son hôte. Il éclata dès lors entre eux une haine implacable ; et Métellus lui dit un jour en le raillant : « Vous voulez donc nous quitter, homme de bien ; vous pensez à vous embarquer pour Rome, et à y briguer le consulat ; car vous n'auriez garde d'attendre à être consul avec mon fils. » Ce fils de Métellus était encore dans sa première jeunesse.

9. Cependant Marius sollicitait vivement son congé, que Métellus différait toujours, et qu'il lui accorda enfin, lorsqu'il ne restait plus que douze jours jusqu'à l'élection des consuls. Marius se rendit en deux jours et une nuit à Utique, sur mer, quoiqu'elle fût à une distance considérable du camp. Avant que de s'embarquer, il fit un sacrifice, et le devin lui assura, dit-on, que le Dieu lui promettait des prospérités extraordinaires, et bien supérieures à ses espérances. Le cœur enflé de ces promesses, il mit à la voile ; et ayant eu constamment le vent le plus favorable, il fit la traversée en quatre jours.