Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/46

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ne vinrent d'abord qu'en petit nombre, parce que la plupart étaient à se baigner ou à prendre le repas après le bain. Ce lieu est rempli de sources d'eaux chaudes ; et une partie des Barbares, attirés par la beauté du lieu et par la douceur du bain, ne pensaient qu'à s'amuser et à faire bonne chère, lorsqu'ils furent surpris par les Romains.

20. Les cris des combattants en ayant bientôt attiré un plus grand nombre, il eût été difficile à Marius de retenir ses soldats, qui craignaient pour leurs valets. D'ailleurs, les plus belliqueux d'entre les Barbares, ceux qui avaient taillé en pièces les armées de Manlius et de Cépion (c'étaient les Ambrons, et ils faisaient seuls plus de trente mille hommes), coururent précipitamment prendre leurs armes. Ils avaient le corps appesanti par l'excès de la bonne chère ; mais le vin qu'ils avaient bu, en leur donnant plus de gaieté, ne leur avait inspiré que plus d'audace. Ils s'avancèrent donc, non avec le désordre et l'emportement de gens furieux, ou en jetant des cris inarticulés, mais, frappant leurs armes en mesure, ils marchaient tous ensemble en cadence, au son qu'elles rendaient ; et, soit pour s'animer les uns les autres, soit pour effrayer les ennemis, en se faisant connaître, ils répétaient souvent le nom d'Ambrons.