Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/78

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de là pour se rendre à son camp. Mais Sylla, dans ses Commentaires, ne dit pas qu'il eût pris la maison de Marius pour asile ; il rapporte qu'il y fut conduit pour y délibérer sur ce que Sulpicius voulait le forcer de faire malgré lui, en l'environnant d'épées nues, et qu'il fut traîné ainsi chez Marius ; il n'en sortit que pour aller sur la place, où, suivant le désir du tribun, il cassa l'édit que son collègue et lui avaient fait, pour ordonner la suspension de toutes les affaires. Sulpicius, devenu le maître, fit décerner le commandement de la guerre contre Mithridate à Marius, qui sur-le-champ se disposant à partir, envoya deux tribuns des soldats à Sylla, pour lui ordonner de leur remettre son armée. Sylla ayant soulevé ses soldats, qui se montaient à trente mille hommes de pied et à cinq mille chevaux, les fit marcher vers Rome. Ils commencèrent par massacrer les deux tribuns que Marius avait envoyés ; celui-ci, de son côté, fit égorger à Rome plusieurs amis de Sylla, et promit, à son de trompe, la liberté à tous les esclaves qui s'armeraient en sa faveur. Il ne s'en présenta que trois : et Marius, après une légère résistance contre Sylla lorsqu'il entrait dans Rome, prit précipitamment la fuite. À peine sorti de Rome, il se vit abandonné de tous ceux qui l'accompagnaient, et qui se dispersèrent chacun