Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/97

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personne se doutât de la supposition ; Cornutus, ainsi sauvé par ses esclaves, se retira dans la Gaule.

48. L'orateur Marcus Antonius, qui avait aussi trouvé un ami sûr, n'eut pas le même bonheur que Cornutus. Son hôte était un homme du peuple, fort pauvre, qui, ayant chez lui un des premiers personnages de Rome, et voulant le traiter aussi bien que ses moyens le lui permettaient, envoya son esclave acheter du vin dans un cabaret du voisinage. L'esclave ayant goûté le vin avec plus de soin qu'il ne faisait ordinairement, en voulut de meilleur. Le cabaretier lui demanda pourquoi il ne prenait pas, comme de coutume, du vin nouveau et commun, et qu'il en voulait du meilleur et du plus cher. L'esclave lui répondit tout bonnement, comme à un homme qu'il connaissait depuis longtemps et qu'il croyait son ami, que son maître avait Marcus Antonins caché dans sa maison, et qu'il voulait le bien traiter. L'esclave ne fut pas plutôt sorti, que le cabaretier, homme scélérat et impie, court chez Marius, qui était déjà à table ; il est introduit, et annonce qu'il va lui livrer Marcus Antonius. À cette nouvelle, Marius, transporté de joie, jette un grand cri, et bat des mains. Peu s'en fallut qu'il ne se levât de table, pour aller lui-