Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/106

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son bouclier, en luttant avec les plus grands efforts contre l’impétuosité de ce fleuve ; tant son corps était robuste, et endurci à la fatigue par un long exercice. Ces mêmes peuples étant revenus une seconde fois avec une armée presque innombrable, et en faisant de si terribles menaces, qu’on regardait alors comme un trait de courage extraordinaire dans un soldat romain d’oser tenir ferme à son poste contre de tels ennemis, et d’obéir à son général, Marius fut chargé du commandement de l’armée, et Sertorius s’offrit d’aller comme espion dans le camp des ennemis(4). Il apprit les termes les plus communs de leur langue, afin de pouvoir parler au besoin avec ceux qu’il rencontrerait ; et ayant pris un habit gaulois, il alla se mêler avec ces Barbares après y avoir vu et entendu ce qu’il importait le plus de savoir, il retourna vers Marius, qui lui décerna le prix du courage. Pendant toute cette guerre, il donna de si grandes preuves de valeur et de prudence, qu’il mérita la confiance de son général, qui lui fournit des occasions d’acquérir de la gloire.

III. Après la guerre des Cimbres et des Teutons, il alla servir en Espagne sous le consul Didius en qualité de tribun des soldats, et passa l’hiver à Castulon, ville des Celtibériens(5). (Comme les soldats y trouvaient les provisions les