Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’était rendu maître de Rome, que, s’attendant à avoir incessamment sur les bras une armée conduite par un habile général, il envoya Julius Salinator à la tête de six mille hommes de pied, pour occuper les passages des Pyrénées. Caïus Annius, qui, détaché par Sylla, y arriva presque aussitôt que lui, désespérant de forcer Salinator dans son poste, se tint au pied des montagnes, incertain du parti qu’il devait prendre. Mais un certain Calpurnius, surnommé Lanarius, ayant tué Salinator en trahison, ses soldats abandonnèrent les sommets des Pyrénées ; et Annius, les ayant aussitôt franchis avec un corps nombreux de troupes, chassa devant lui tous ceux qui voulurent arrêter sa marche. Sertorius, hors d’état de lui résister, se réfugia avec trois mille hommes à Carthage-la-Neuve(6), d’où il traversa la mer et alla aborder en Afrique, sur le rivage des Maurusiens. Les soldats, étant descendus sans précaution pour faire de l’eau, furent assaillis par les Barbares, qui en tuèrent un grand nombre. Sertorius se rembarqua pour repasser en Espagne, et en fut repoussé : alors, avec le secours de quelques pirates ciliciens, il fit voile vers l’île de Pityuse, et y aborda malgré la garnison d’Annius, qui fut battue. Peu de temps après, Annius étant venu lui-même avec une