Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/130

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faible, l'autre grand et robuste, et remarquable surtout par la beauté de sa queue, et par l'épaisseur des crins dont elle était garnie. Près du cheval faible il place un homme grand et fort, et près du cheval vigoureux, un petit homme qui n'avait aucune apparence de force. Au signal donné, l'homme fort saisit à deux mains la queue du cheval faible et la tire de toutes ses forces, comme pour l'arracher, pendant que l'homme faible, prenant un à un les crins de la queue du cheval fort, les arracha tous très facilement. Le premier, après bien des efforts inutiles qui prêtaient fort à rire aux spectateurs, abandonne son entreprise ; l'homme faible, au contraire, montre la queue de son cheval qu'il avait, en un moment et sans peine, dégarnie de tous ses crins. Sertorius alors se levant : « Mes alliés, leur dit-il, vous voyez que la patience a beaucoup plus de pouvoir que la force, et que des choses qu'on ne peut surmonter tout à la fois cèdent aisément quand on les prend l'une après l'autre ; la persévérance est invincible, c'est par elle que le temps, attaquant les plus grandes puissances, les détruit et les renverse c'est un allié aussi sûr pour ceux à qui la raison fait observer et saisir le moment favorable, qu'elle est un ennemi dangereux pour ceux qui mettent