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Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/466

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ensuite laissant couler son manteau à terre, d’un saut léger il s’élance sur le cheval avec la plus grande facilité. D’abord il lui tint la bride serrée, sans le frapper ni le harceler ; mais quand il vit que sa férocité était diminuée et qu’il ne demandait plus qu’à courir, il baisse la main, lui parle d’une voix plus rude, et, lui appuyant les talons, il le pousse à toute bride. Philippe et toute sa cour, saisis d’une frayeur mortelle, gardaient un profond silence ; mais, quand on le vit tourner bride et ramener le cheval avec autant de joie que d’assurance, tous les spectateurs le couvrirent de leurs applaudissements. Philippe en versa des larmes de joie, et, lorsque Alexandre fut descendu de cheval, il le serra étroitement dans ses bras. « Mon fils, lui dit-il, cherche ailleurs un royaume qui soit digne de toi ; la Macédoine ne peut te suffire. »

IX. Philippe avait observé que le caractère de son fils était difficile à manier et qu’il résistait toujours à la force, mais que la raison le ramenait aisément à son devoir : il s’appliqua donc lui-même à le gagner par la persuasion, plutôt que d’employer l’autorité. Et, comme il ne trouvait pas, dans les maîtres qu’il avait chargés de lui enseigner la musique et les belles-lettres, les talents nécessaires pour diriger et perfectionner son éducation, travail si important, et qui, selon Sophocle,