Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/483

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rive opposée, qu’on ne pouvait franchir que les armes à la main. D’autres voulaient qu’on observât religieusement, par rapport aux mois, les usages anciens, qui ne permettaient pas aux rois de Macédoine de faire marcher leurs armées dans le mois Daésius. Alexandre, pour réformer cet usage superstitieux, dit qu’à l’avenir ce mois serait appelé le second Artémisius. Parménion lui conseillait de ne pas risquer le passage ce jour-là, parce qu’il était déjà tard. Alexandre lui répondit que ce serait déshonorer l’Hellespont, que de craindre, après l’avoir traversé, de passer le Granique. En même temps il s’élance dans le fleuve, suivi de treize compagnies de cavalerie, et s’avance, au milieu d’une grêle de traits, vers l’autre bord qui était très escarpé et couvert d’armes et de chevaux. Il luttait avec effort contre le courant, qui souvent l’entraînait et était prêt à le submerger, conduisant ses troupes plutôt en furieux qu’en général prudent. Malgré ces difficultés, il s’obstine au passage et gagne enfin le bord avec beaucoup de peine et de fatigue, parce que la fange dont le rivage était couvert le rendait humide et glissant. A peine il eut