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SOLON.


(Né vers l’an 640 environ, et mort au milieu du sixième siècle avant J.-C.)

Didyme le grammairien[1], dans son écrit sur les Tables des lois de Solon, en réponse à Asclépiade[2], cite un passage d’un certain Philoclès[3], où il est dit, contre l’opinion de tous ceux qui ont parlé de Solon, que Solon eut pour père Euphorion. En effet, on s’accorde unanimement à le faire naître d’Exécestide, homme d’une fortune et d’un crédit médiocres parmi ses concitoyens, mais qui était de la plus illustre maison d’Athènes : Exécestide descendait de Codrus. Pour la mère de Solon, elle était, suivant Héraclide de Pont[4], cousine germaine de la mère de Pisistrate. Aussi y eut-il, dans l’origine, un lien d’amitié entre Pisistrate et Solon ; et ce ne fut pas seulement un effet de la parenté : le naturel heureux de Pisistrate et sa beauté avaient inspiré à Solon de l’amour. C’est pour cela sans doute que les dissentiments politiques qui éclatèrent entre eux dans la suite n’aboutirent pas à une haine violente : les droits de leur ancien attachement subsistèrent toujours dans leurs âmes, et y

  1. Didyme, critique de l’école d’Aristarque, était né à Alexandrie, et vivait du temps de l’empereur Auguste.
  2. Grammairien de l’école d’Apollonius : il était de Myrrhée en Bithynie, et il florissait du temps de Jules César.
  3. On ne sait pas de quel Philoclès Plutarque veut parler. Il y a eu deux poëtes tragiques et un poëte comique de ce nom ; tous trois vivaient dans le siècle de Périclès ; et l’un d’eux, le poëte tragique Philoclès Philopeïthis, était le neveu d’Eschyle.
  4. Philosophe grec du quatrième siècle avant J.-C, né à Héraclée dans le Pont. Il fut successivement disciple de Platon, de Speusippe et d’Aristote. On a, sous son nom, un traité des Allégories d’Homère, qui ne paraît pas authentique, et des fragments d’un livre sur les Constitutions des États.