Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne convient pas à toutes les plantes : il y en a dont ils absorbent la nourriture, et d’autres auxquelles ils nuisent par leurs émanations. Si l’on voulait creuser une fosse ou un fossé, la distance jusqu’au fonds voisin devait, d’après sa loi, être égale à la profondeur de l’excavation ; et l’on ne pouvait établir de nouvelles ruches qu’à trois cents pieds de celles qu’un autre aurait déjà placées.

De toutes les productions indigènes, Solon ne permit de vendre aux étrangers que l’huile, et il défendit l’exportation des autres. Il chargea l’archonte de prononcer les imprécations contre ceux qui contreviendraient à la loi, sous peine de payer lui-même au trésor public une amende de cent drachmes. Cette loi est dans la première de ses tables. Ce n’est donc pas tout à fait sans fondement qu’on a dit qu’il était défendu autrefois d’exporter des figues de l’Attique, et que les délateurs de ceux qui en avaient exporté étaient appelés sycophantes[1]

Il fixa pareillement la réparation du dommage causé par les animaux. Tout chien qui avait mordu quelqu’un, le maître était tenu de le lui livrer avec un billot au cou, de quatre coudées de long ; moyen assez bien imaginé pour prévenir les accidents.

J’ai des doutes sur le vrai sens de la loi relative à la concession du droit de cité. Les seuls qui pouvaient devenir citoyens, c’étaient des gens bannis à perpétuité de leur pays, ou qui seraient venus s’établir à Athènes avec toute leur famille, pour y exercer un métier. Voici toutefois l’explication qu’on donne à cette loi. Solon voulait, non pas éloigner les étrangers, mais, au contraire, les attirer à Athènes, par la certitude où ils seraient de devenir citoyens. Ceux qu’il appelait étaient les gens à qui l’on pouvait le plus se fier : les uns, parce qu’ils avaient été forcés de quitter leur patrie, sans espoir d’y retourner ; les autres, parce qu’ils y avaient renoncé

  1. C’est-à-dire révélateurs de figues, mot qui est devenu depuis synonyme de délateur et de calomniateur.