Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/241

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PUBLICOLA.


(Florissait vers la fin du VIe siècle avant J.-C.)

Voilà quel fut Solon. Nous l’allons mettre en parallèle avec Publicola, celui pour lequel le peuple romain imagina ce surnom d’honneur[1] et qui s’appelait auparavant Publius Valérius. On croit qu’il descendait de ce Valérius[2] qui fut, dans les temps antiques, le principal instrument de la réconciliation des Romains avec les Sabins, et de leur réunion en un seul peuple, puisque ce fut lui surtout qui détermina les deux rois à une conférence, et qui leur fit conclure la paix. Telle était, suivant la tradition, la famille de Valérius. Or, à l’époque où Rome était encore gouvernée par des rois, il s’y distinguait déjà par son éloquence et par ses richesses. Il usait de l’une droitement et franchement, pour la défense de la justice, et il employait l’autre à secourir libéralement et avec humanité ceux qui étaient dans le besoin : aussi voyait-on, dès ce temps-là, que, si le gouvernement devenait jamais démocratique, Valérius y tiendrait le premier rang.

Tarquin le Superbe n’avait point acquis la royauté par des voies honorables, mais en foulant aux pieds les lois divines et humaines ; et il exerçait l’autorité souveraine non avec la modération d’un roi, mais avec violence et en vrai tyran. Il devint odieux et insupportable au peuple ; et la mort de Lucrèce fut l’occasion d’un soulèvement universel. Lucrèce, violée, s’était tuée de sa propre

  1. Publicola, ou plutôt Poplicola, c’est-à-dire qui populum colit, qui honore le peuple.
  2. Selon d’autres, Volésus ou Volusus.