Tarquin, désespérant de recouvrer sa puissance par les conspirations, eut recours aux Étrusques, qui embrassèrent chaudement ses intérêts, et qui le ramenèrent vers Rome avec une nombreuse armée. Les consuls sortirent à leur rencontre, à la tête des Romains ; et les deux armées se mirent en bataille dans des lieux sacrés, dont l’un s’appelait le bocage d’Arsia, et l’autre le pré Ésuvien. Le combat s’engageait à peine, qu’Aruns, fils de Tarquin, et le consul romain Brutus, se rencontrèrent, non par hasard, mais conduits par la haine et le ressentiment : l’un cherchait le tyran et l’ennemi de sa patrie ; et l’autre voulait se venger de son exil. Ils poussèrent leurs chevaux l’un contre l’autre, avec plus de fureur que de précaution, et ne songeant pas même à se couvrir : aussi restèrent-ils tous deux sur la place. Le combat qui suivit ce prélude n’eut pas des résultats moins sanglants : le carnage fut horrible des deux côtés, et un violent orage put seul séparer les deux armées. Valérius était dans une grande perplexité : il ne savait à qui la victoire était restée ; il voyait ses soldats à la fois découragés de leurs pertes et satisfaits de celles des ennemis, tant le nombre des morts était immense, et le désastre égal de part et d’autre ! Seulement, chaque parti, bien assuré de ce qu’il avait perdu, et ne connaissant que par conjecture la perte de l’ennemi, se croyait plutôt vaincu que victorieux. La nuit survint ; et il est aisé d’imaginer dans quel état ils la passèrent, après un combat si terrible. Le silence régnait dans les deux camps ; mais le bois sacré s’agita, dit-on, et il en sortit une grande voix, qui annonçait que les Étrusques avaient perdu un homme de plus que les Romains. C’était sans doute la voix d’une divinité ; car les Romains reprirent soudain courage, et ils firent retentir leur camp de cris de joie ; tandis que les Étrusques, saisis de frayeur et de trouble, abandonnèrent le leur, et se dispersèrent presque tous çà et là. Il ne resta qu’environ cinq mille hommes, pour résister à l’at-