Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/34

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le vaillant lutteur qui avait défait tous ses rivaux. Minos lui-même fut ravi, surtout quand il eut vu Taurus vaincu, et livré à la risée publique : il rendit donc à Thésée les jeunes enfants, et il déchargea la ville d’Athènes du tribut qu’elle payait.

Clidémus[1] prend son récit de haut, mais tout différemment des autres, et avec de longs détails. Il y avait, dit-il, un traité entre tous les peuples de la Grèce, qui défendait de mettre en mer, pour une destination quelconque, aucun vaisseau monté de plus de cinq hommes : on n’exceptait que le seul Jason, qui commandait le navire Argo, et qui courait la mer pour la purger des pirates. Dédale s’étant enfui de Crète à Athènes sur une barque, Minos, contre les dispositions du traité, le poursuivit avec de longs vaisseaux, et fut jeté par la tempête sur les côtes de la Sicile, où il mourut. Deucalion, fils de Minos, irrité contre les Athéniens, les envoya sommer de lui livrer Dédale, avec menace, s’ils refusaient, de faire mourir les enfants que Minos avait reçus pour otages. Thésée lui fit une réponse polie, s’excusant sur ce que Dédale était son cousin, et qu’il appartenait à sa famille ; à titre de fils de Mérope, fille d’Érechthée. Cependant il fit construire une flotte nombreuse, partie dans l’Attique, à Thymœtades, endroit éloigné du chemin public, partie à Trézène, par l’entremise de Pitthéus ; car son dessein était de tenir l’armement secret. Quand tout fut préparé, il mit à la voile, ayant pour guides Dédale et les bannis de Crète. Personne n’eut le moindre soupçon ; et les Crétois prirent pour des vaisseaux amis la flotte qui arrivait. Thésée se saisit du port, débarque ses soldats, surprend la ville de Cnosse. Il livre, aux portes mêmes du Labyrinthe, un combat où périssent Deucalion et ses gardes. Ariadne était devenue, par sa

  1. Clidemus ou Clidamus est souvent cité chez les auteurs anciens, surtout chez Théophraste ; et il paraît qu’il y a eu plusieurs écrivains de ce nom, mais on ignore l’époque et le pays où ils ont vécu.