Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/367

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PÉRICLÈS.


(Né en l’an 494 environ et mort en l’an 429 avant J.-C.)

César voyant, à Rome, de riches étrangers qui allaient partout portant dans leur giron de petits chiens et de petits singes, et les caressant avec tendresse, s’enquit, dit-on, si, dans leur pays, les femmes ne faisaient pas d’enfants. C’était une façon tout impériale de reprendre ceux qui dépensent, sur des bêtes, ce sentiment d’amour et d’affection que la nature a mis dans nos cœurs, et dont les hommes doivent être l’objet. Puisque notre âme est naturellement curieuse et avide d’apprendre, n’est-il pas raisonnable aussi de blâmer ceux qui abusent de cette disposition, et qui la tournent vers des choses indignes de notre attention et de nos soins, insouciants de ce qui est vraiment beau et utile ? Les sens reçoivent une impression du contact des choses extérieures : c’est donc peut-être une nécessité que les sens s’arrêtent à considérer tout ce qui les frappe, utile ou non. Quant à l’entendement, il nous est aisé, si nous en voulons faire usage, de le tourner vers le but qui nous plaît, ou de l’en détourner à l’instant. Notre devoir est donc de poursuivre ce qu’il y a de meilleur ; et il s’agit, non-seulement de contempler le but, mais de trouver un aliment dans cette contemplation même. Les couleurs qui flattent le plus nos yeux, et qui sont comme l’aliment de la vue, se forment d’un agréable mélange de douceur et de vivacité : choisissons de même, pour notre esprit, des spectacles qui le charment, tout en le conduisant au bien qui lui est propre. Telles sont les